Nous avons décidé de rejoindre Kariba depuis Hwange en restant au plus près du lac. Renseignements pris, avec nos 4X4 nous ne devrions pas avoir de problèmes.
Nous avons plus de 500 km à faire sur des pistes à découvrir. Il vaut mieux partir de bonne heure mais, nous n’avons pas assez de provisions pour assurer l’imprévu.
Juste à la sortie du camp, un homme se présente. Cadreur, il fait parti d’une équipe de France Télévision. Pendant un mois, ils travailleront toutes les nuits dans le parc pour filmer la vie sauvage. Le film passera dans l’émission « Grandeur nature », mais, Il ne sait pas quand ( dans un an environ).
Mireille nous indique une petite ville « Dete », où nous pourrons faire des courses.
Michel se trompe de route, heureusement pour ces trois jeunes en panne avec leur voiture. Entre André qui possède un crochet d’attelage et Michel les sangles, nous les tirons jusqu’à la fameuse ville de Dete, qui n’est en fait qu’un petit village délabré.
Ici, plus personne ne passe, seuls, les habitants font tourner les boutiques très mal achalandées.
Malgré tout, nous restons un bon moment. Marilou se fait de nouvelles copines, elles préparent le Salsa, plat de base du pays, fabriqué avec de la farine de Maïs. Puis, Marilou nous emmène boire un coup sous une paillote bien bruyante…
Bon, ce n’est pas tout, on a assez pris de retard… Nous reprenons la route préparée sur nos GPS jusqu’à Kariba.
Surprise, toute la journée se passe sur du bitume, nous avons le temps de regarder autour de nous.
Ces femmes, dont la tenue « réglementaire » semble être, une jolie robe, une charge sur la tête et un enfant dans le dos.
La religion, très présente dans les villages.
Une femme confectionne des briques pour construire sa hutte,
Oui, elle a le sourire, mais, ne serait ce pas plutôt le travail de son mari ?
Maintenant, nous ne voyons plus que des huttes, certaines sont vraiment très jolies.
A l’occasion de la pause de midi, nous offrons 1 kg de farine à une famille qui rentre de l’office.
Les tomates de cet homme sont les bienvenues. Il ne parle pas anglais et ne connait que le mot « dollar ». A la question, combien ? Il ne sait répondre que « dollar »… Oui, mais combien? Il ne sait pas répondre. Un jeune à coté, nous confirme que c’est 1 US$.
La route alterne grandes montées et grandes descentes, les cars, bondés, en font les frais.
Ici, nous craquons pour une hache locale,
Marilou donne des bonbons aux enfants, mais les hommes en demandent aussi, ils sont ravis…
Dans ce village, les grands travaux sont en cours.
Celle ci a du oublier son bébé, il lui manque quelque chose… Mais, c’est quand même la classe pour ramener l’eau à la hutte.
A eux, nous achetons quelques pièces de bois bien travaillées pour quelques dollars… Quel est le juste prix pour qu’ils soient contents et nous aussi ? La réponse n’est pas simple.
Finalement, nous arrivons à Binga en fin de journée, André prend un petit chemin en descente pour rejoindre le lac Kariba. Ce n’est pas du trial, mais presque.
Le chemin devient de plus en plus étroit et semble ne mener nulle part… Jusqu’à ce qu’un petit groupe de huttes se présentent, c’est une famille de pêcheurs. Nous allons demander au chef s’il nous autorise à dormir entre deux huttes. Il n’est pas emballé par l’idée et nous envoie 1 km plus loin en ajoutant : s’ils ne vous acceptent pas, revenez ici !».
OK, plus loin, effectivement, une espèce de Lodge avec un feu en cour, mais personne…
Plus tard, nous trouvons le gardien qui, après avoir téléphoné au propriétaire, nous accepte dans la cours.
Ce sera donc une nuit dans la végétation au bord du lac kariba.
Après avoir profité un moment de l’endroit, nous repartons.
A la sortie de la ville, nous avons encore à faire à la police qui, lors d’un barrage, nous signale que nous n’avons pas les bandes réfléchissantes réglementaires à l’avant de nos véhicules. Un homme en civil nous demande 100 US$ d’amende par véhicule. Devant notre refus catégorique, il baisse à 50 US$. Il faudra vraiment se fâcher pour qu’ils nous laissent repartir sans rien payer.
Quelques km plus loin, le beau goudron fait place à la piste, il nous reste 280 km
Une chose est sûre, tout ces km ne sont que du plaisir, pratiquement chaque personne croisée, nous fait un grand signe de la main accompagné d’un sourire sincère.
Les villages sont un vrai régal pour les yeux.
Au bord de la piste, certains vendent leur production.
A cette occasion, Marilou prend des cours pour tenir une courge sur la tête… La mémé, danse carrément avec.
Certaine fois, allez savoir pourquoi, spontanément, on change le programme. Ici, c’est dimanche, alors c’est la fête, comme partout, on boit, on rit, on discute… Michel décide de se mêler à ce petit monde.
Nous sommes tous les quatre très bien reçus, nous leur imprimons quelques photos. Ils éclatent de rire.
C’est sympa,
mais il faut repartir car la nuit approche.
Alors que nous désespérions de trouver une place pour ce soir au milieu de toutes ces grandes herbes, nous nous arrêtons sur un champ dégagé en face de quelques huttes. Nous allons presque dormir dans le village.
Notre intimité est respectée, même si quelques uns viennent discuter un moment, là encore, ils auront droit à des photos imprimées immédiatement. Rendez vous est pris pour demain matin car d’autre veulent également une photo.
Avant de nous lever, nous regardons le village vivre par la fenêtre.
Madame est déjà aux dures tâches qui sont les siennes.
Entre deux, elle nourrit naturellement son petit .
Ensuite, comme promis, nous commençons la visite du village. C’est tout une même famille et les hommes ont tous deux femmes.
Les greniers sont pleins.
La vaisselle sèche
Ici, c’est la cuisine
La grand-mère, 80 ans et douze enfants, est bien entourée.
Marilou n’a que 60 ans, mais, c’est aujourd’hui… alors Mireille lui fait la surprise de faire chanter le « happy burthday » par les hommes du village. Ils ne connaissaient pas la chanson…
Enchantés par ce long moment passé avec eux, nous reprenons la route qui se dégrade de plus en plus…
Finalement, elle devient notre seule préoccupation du moment.
Nous avançons très lentement, et les deux jours prévus pour le parcours ne suffiront pas.
Une pause, le temps d’un visage dans la brousse
Nous traversons quelques cultures de maïs, de tabac et de coton
Et la piste devient encore plus dure, nos 4X4 se dandinent souvent en première courte dans les cailloux et les dévers.
Mais, la nuit arrive et, Kariba est encore à 60 km, soit 3 ou 4 heures… bien que les crottes d’éléphants trahissent leur présence, nous décidons de dormir dans la forêt.
Pour fêter les 60 ans de Marilou, Mireille et André nous invitent à l’apéro chez eux. Dans la nuit, un véhicule passe sur la piste. Moment de silence, bon, ça va, ils ne nous ont pas vus.
Une bonne heure plus tard, alors que nous allions nous coucher, une autre voiture arrive mais, elle fait marche arrière et vient dans notre direction.
Dix hommes descendent et viennent nous voir. Par la fenêtre, nous voyons qu’ils sont lourdement armés.
Michel sort le premier. Dans un premier temps, ils ont l’air assez durs et nous nous demandons comme tout ça, va bien finir.
André, dit : je crois qu’on va avoir des emmerdes…
L’un d’eux, est complètement ivre et tient un révolver à la main. Michel indique à un autre que cette arme lui fait peur. Nous ne reverrons plus ce révolver.
En fait, ce sont les forces de l’ordre qui veulent savoir ce que nous faisons là alors que le camping sauvage est interdit au Zimbabwe. Ils nous disent même que nous sommes dans une réserve.
Bon, résumons, il est interdit de camper ici, OK !
Il faut partir, OK !
Oui, mais il fait nuit depuis 4 heures et il est aussi interdit de rouler la nuit…
Alors que faire ?
Finalement, ils relèvent soigneusement nos identités précises sur nos passeports et nous autorisent à rester jusqu’à 6h demain matin.
Nous n’en demandons pas plus alors, ils repartent dans la nuit avec leurs fusils à l’épaule.
Bonne nuit Mireille et André !
Que d’émotions….
Nous nous endormons assez tard, veillés par les hyènes (nous les entendons)
Le lendemain, à 6 heures, nous sommes prêts pour le 60 derniers km.
Un régal de franchissement…Nos 4X4 habitables sont vraiment extraordinaires. Nous mettons 4h pour rejoindre Kariba.
Et André, que dire d’André … 78 ans, en fait c’est bien jeune… Michel lui promet de revenir dans 16 ans pour voir s’il fait aussi bien. Et que répond-il ?
-Je viendrai avec toi…
La première étape dans la région est le barrage à l’origine de la création de ce lac. Pour ça, il faut passer la douane car l’autre coté est encore la Zambie. Une formalité à trois tampons qui nous permet de faire la connaissance de l’agent d’ « Interpol ». Assis sur une chaise dehors il a son tampon dans la poche, mais pas sa langue, il est sympa et nous donne de nombreux tuyaux pour la suite de notre séjour au Zimbabwe.
Ce soir, Mireille choisit le camping et elle le fait bien. Nous sommes sous des arbres au bord du lac entourés de panneaux « attention aux hippopotames et aux crocodiles dans le camp… »
Et, effectivement,les deux soirs, nous avons eu la visite d’un hippopotame venu brouter aux pieds de Pépère.
Nous resterons sûrement deux jours pour digérer nos 3 jours de pistes.
Deux jours au cours desquels, Michel manque à quelques centimètres près de marcher pieds nus sur une vipère.
Nous faisons également un petit tour en bateau sur le lac,
à la façon « touristes »