Du 6 au 10 juillet.
En fait, cette partie aurait pu s’appeler « enfer et paradis ».
Hier soir, nous avons roulé de nuit pour être tranquilles aujourd’hui. Concernant notre hébergement, nous ne nous étendrons pas, hier, c’était l’électricité qui était absente, aujourd’hui, c’est l’eau…
En plus, les chambres voisines ont été louées à une bande d’Africains, qui, à tour de rôle, ont fait du bruit.
Pas grave, on est au lac Tanganyika et on va pouvoir enfin se reposer.
Le petit futé indique des loges qui font camping à Mpulungu. « Isanga bay lodge. »
Nous descendons à cette ville 40 km plus bas sans avoir l’adresse exacte. Sur place, personne ne connait…
Sans ce camping, il est impossible de trouver un endroit pour profiter du lac, alors nous insistons. Même un blanc, croisé sur le chemin, ne connaît pas.
Il téléphone à un ami qui lui confirme que l’endroit est très bien, mais pour y accéder, il faut prendre un petit bateau à moteur où une piste que personne ne connait.
Avec l’aide d’un policier, nous sommes dirigés chez des blancs où nous aurons les explications sur cette piste.
Nous passons un agréable moment en leur compagnie sans savoir vraiment qui fait quoi dans l’histoire.
En fait, « le petit futé » aurait été plus futé de nous indiquer la lodge à Mbala, nous aurions ainsi évité de perdre beaucoup de temps à Mpulungu où, seuls les clients à pied, partent avec le bateau privé.
Nous voilà donc partis pour refaire les 40 km jusqu’à Mbala, plus 40 autres par une piste de folie où nous n’aurions pas mis nos roues si nous avions su…
En effet, il nous faut 4 heures pour parcourir ces 40 km, si l’on tient compte de quelques mètres où nous avons pu rouler à 25 km/h, nous avons souvent roulé entre 2 et 8 km/h
D’énormes trous, des pierres coupantes impossibles à éviter, avec par-dessus le marché, aucune indication pour être sur de notre destination…
Ceci n’a duré « que quatre heures » mais, qu’est ce que nous avons souffert tous les trois avec Pépère !!! Marilou, pendant plusieurs jours, a eu une tendinite au bras droit, tellement elle a dû se crisper pour se tenir… Nos cervicales ont aussi montré qu’elles avaient fait partie du voyage….
Pour terminer, il faut passer par un cours d’eau à sec, le pont n’étant plus là…
Un dernier village ravitaillé par les pirogues, comme toujours les cris des enfants nous accompagnent et vers 16h, enfin, nous voilà arrivés. Quel contraste !!!
Ici, c’est le paradis après l’enfer…
Carrément comme une carte postale, la plage, les cocotiers et la mer (non, le lac Tanganyika)…
La patronne nous reçoit, nous sommes les seuls clients alors, nous choisissons la meilleure place au bord de l’eau.
Nous faisons le tour de Pépère, les pneus sont dans un état lamentable, des crampons sont partis et diverses coupures apparaissent. On dirait qu’ils ont fait 3 fois la Mongolie… Michel est très pessimiste pour le chemin inverse, jamais les pneus feront à nouveau le trajet pour le retour…
Fatigués, nous décidons de nous faire servir le repas de ce soir.
La cuisine est bonne et la demie pension pas chère du tout. Nous décidons de passer 3 jours ici en vacances sans trop penser au retour où nous guette sérieusement le risque d’éclatement de pneu…
Les trois jours suivants s’écoulent au rythme du nettoyage et rangement de Pépère,
De la plage en compagnie d’une famille de 3 varans dont nous n’avons plus peur.
Pour la baignade, la propriétaire a eu beau nous expliquer que les crocodiles ne sont pas ici, mais plus loin là bas, ça a été dur au début. Après on y pense « presque » plus.
Michel a même fait seul, une sortie d’une heure avec palmes, masque et tuba dans cet aquarium de poissons tropicaux magnifiques (malheureusement, mal rendus par les photos). Vraiment, ce fut une grande surprise avec un plaisir inconnu jusque là. En mer, il est difficile de descendre au fond alors que dans cette eau douce transparente on descend et remonte sans effort…
Tous les soirs, à la nuit tombée, nous assistons à un drôle de rituel, des dizaines de barques se positionnent à 500 mètres du rivage avec chacune, une lampe à pétrole. Là, commence des heures de hurlements entre pêcheurs. Ils se parlent, indiquent à d’autres des choses que nous ne comprenons pas. Personne n’a pu nous expliquer clairement la situation, mais tout les soirs, la pêche sur le lac Tanganyika se passe ainsi.
Le dernier jour, nous allons avec un homme des lodges, faire un tour du village.
Michel pensait que nous irions seuls mais sur les conseils de la patronne, nous acceptons d’être accompagnés. Autrement, dit-elle, avec les gosses, ce sera infernal.
En effet, nous pouvons visiter le village dans le calme.
Ici, une femme avec son alambic de fortune, fait de l’alcool de manioc.
Là, encore un cordonnier qui découpe un pneu,
Avec, il fabrique des chaussures…
Là, c’est une femme qui prépare le repas, toujours à base de farine de manioc.
Ici, pas de chichi, la est vie toute simple.
D’ailleurs, il ressort de nos discussions que les gens ont une belle vie au village,
avec un pareil cadre, sûrement que ça aide…
Certaines huttes sont belles et bien décorées, on se rapproche d’une vraie maison.
Sur ce perron, le repas est pris avec les mains dans la gamelle, pas de stress…
Une planche de bois non quadrillée et des bouchons de cannettes suffisent pour jouer aux dames.
Voilà, les 3 jours s’écoulent tranquillement, mais trop vite à la fois, demain, nous reprendrons « la piste de la mort » …
Réveil à 6H pour partir de bonne heure, Nicoline la gérante est venue nous dire au revoir.
Au village, les grands nous regardent et font un signe de la main alors que les enfants toujours aussi exubérants, courent à coté de Pépère en lançant des cris d’au revoir.
Michel a regonflé les pneus arrière à 4.7 kg, nous roulons au pas. Les premiers 20 km de pierres sont « avalés » en 3 heures.
Nous nous étions préparés à crever ou éclater, mais, rien de tout ça. Vraiment, les BF Goodrich sont incroyables. Même avec des crampons en moins et une texture toute détériorée, ils passent pas là… Pourtant, ici, l’âne est de rigueur…
-Tiens, voilà une stoppeuse,
Nous la prenons jusqu’à Mbala à 18 km. Elle a eu de la chance aujourd’hui, la seule voiture qui est passée, l’a emmenée…
Bien heureux d’arriver à Mbala sans encombre. Nous allons voir le musée « Moto Moto » qui comme son nom ne l’indique pas, est un musée à la fois ethnologique et politique. On y apprend beaucoup de choses sur la Zambie pré coloniale, coloniale et post coloniale. Différents objets sont exposés avec photos à l’appui. Encore une fois, nous ne trouvons pas beaucoup de différences entre ce que nous avons vus dans les villages de savane et ce musée.
Pas éprouvés du tout par nos 40 km de piste, nous décidons de reprendre la route (non, encore une fois, c’est une piste défoncée…) pour rejoindre la frontière Tanzanienne.
En 3h30, nous faisons 70 km et à 17h30, nous nous posons à coté d’une petite église pour la nuit. Les voisines en profitent pour venir voir cette drôle de hutte roulante.