Le 19 Juin 2012
Réveil pluvieux dans ce village à l’ancienne. La première impression est que lorsque la pluie et le froid s’en mêlent, la pauvreté devient misère.
Il est presque gênant de profiter du confort que nous offre Pépère à coté de ces gens. Ils sont trop occupés par leurs tâches quotidiennes pour mesurer leur état de dénuement. Ils ne sont d’ailleurs pas très chaleureux envers nous et ne nous jettent même pas un regard.
Nous les laissons avec leurs fermes construites avec des traverses de voies ferrées. Leur vie continuera ainsi, rythmée par le passage fréquent des trains de marchandises.
La route est triste, la pluie ajoute un coté lugubre à la mauvaise qualité du revêtement. Il semble parfois que cette route qui défile devant nous, a été modelée par Salvador Dali pendant sa période molle. Pépère avance dessus comme un bateau dans la houle.
Pour ajouter à ce sinistre tableau, nous croisons beaucoup de bâtiments en ruines, même un ensemble d’immeubles.
Des familles devaient vivre ici avant, mais au fait, avant quoi ? Pourquoi tout a été abandonné ? Qu’est ce qui a fait fuir ces gens ? Nous ne le savons pas.
Un stop pour manger un morceau, le temps aussi de constater l’état pitoyable de Pépère.
La fin du parcours jusqu’à Semeï sera une succession de très mauvaises routes pleines de trous de bosses et de dévers. Elles sont suivies de 10 où 20 km de bitume type européen qui débouchent sur 50 km de piste en cailloux ou terre creusée.
Un moment, Pépère décolle des 4 roues alors que nous ne sommes même pas à 40 km/h, incroyable ! Le contact avec la piste a été sévère…
Nous restons à son écoute pour voir s’il tient le coup, il semble que oui.
Voilà, nous arrivons à Semeï, bientôt la Russie, les routes devraient être bonnes maintenant.
Oui, mais il y a un policier dans un coin, là bas à gauche, qui, de loin nous fait signe avec son bâton.
OK, on s’arrête, il vient vers nous et comme toujours, nous tend la main pour dire bonjour. Avec eux, c’est le signal des hostilités.
Documents !
Michel sort son passeport pour lui montrer mais, d’un coup, le policier essaie d’enlever le film antieffraction que nous avons fait poser sur les vitres. Aussi sec, Michel lui prend la main, remonte la vitre et l’engueule.
« Tu touches pas çà, c’est pour nous protéger » ! Le militaire qui l’accompagne, armé d’un fusil lui réexplique en deux mots kazakhs.
Au Kazakhstan, c’est interdit !
Peut être mais pas en France !
Oui, mais ici t’es au Kazakhstan !
Il recommence et essaie d’arracher le film, Michel lui enlève la main encore plus violement et referme la fenêtre en hurlant qu’il faut qu’il arrête maintenant…
Nous avons le sentiment que la situation devient hors de contrôle, chacun se fâche dans sa langue et alors que Michel arrête le moteur et s’apprête à descendre pour chercher un supérieur, il nous fait signe de partir en maugréant on ne sait quoi.
Bon, il a définitivement scellé le sort du Kazakhstan pour nous.
On se tiiiiire….
Encore 100 km, avec de la bonne route cette fois et nous arrivons à la frontière Russe que nous redoutions sans vraiment savoir pourquoi.
Tout le monde est sympa, aussi bien coté Kazakh que Russe et en 1 heure, nous avons fini toutes les formalités sans stress et avec des fonctionnaires très compréhensifs.
Il est trop tard pour continuer, nous dormirons à 100 mètres de la frontière, protégés par les militaires russes. Ils sont passés nous voir pendant leur ronde.
Mongolie !!!
Quels fous ces Européen… qu’ils semblent nous avoir dit.